FM et Société
Table of Contents
Quelle relation y a-t-il entre la Franc-Maçonnerie et la société ?
Alle Menschen werden Brüder
La Franc-Maçonnerie recherche la Fraternité entre les hommes et le perfectionnement de l’humanité.
Ce n’est pas la Franc-Maçonnerie comme telle qui entreprend des actions, mais ses membres en tant qu’individus. Leurs actions se basent sur leur perspicacité, leur intuition et leur conscience. Ces qualités peuvent varier d’un Franc-Maçon à l’autre.
La Franc-Maçonnerie, permet par sa méthode symbolique, de développer la sagesse et la force intérieure du Franc-Maçon afin de tendre vers un monde meilleur.
Mais chaque Franc-Maçon a ses opinions personnelles; il est donc impossible à la Franc-Maçonnerie de prendre position au nom de ses membres.
Les gens qui travaillent efficacement dans des sociétés construisent une relation de confiance; il n’en est pas autrement en Franc-Maçonnerie. Cette relation de confiance entre les Francs-Maçons les amène souvent à entreprendre des actions communes comme par exemple la philanthropie. Mais ces actions ne se font pas au nom de la Franc-Maçonnerie et ne portent pas son label. D’ailleurs des non maçons sont souvent associés à ces initiatives.
Quelle est la relation entre la Franc-Maçonnerie et les religions?
La Franc-Maçonnerie n’est ni une religion parallèle ni une religion de substitution : elle ne comporte ni évangélisme ni sacrements.
Le Franc-Maçon utilise la méthode maçonnique pour chercher une réponse aux questions essentielles, comme par exemple la différence entre le bien et le mal, l’apport d’arguments dans la recherche de la vérité universelle…etc..
La Franc-Maçonnerie ne se considère pas comme étant en concurrence avec les religions et les philosophies qui apportent des réponses, elle se trouve simplement du côté du questionnement. La Franc-Maçonnerie moderne est née au début du 18ème siècle dans un climat de guerres et de querelles de religions. Dès le début, la Franc-Maçonnerie a réuni des hommes ayant des convictions différentes et qui voulaient établir des liens avec ceux qui pensaient autrement qu’eux.
Dans les Franc-Maçonnerie pluraliste, dont la Grande Loge de Belgique fait partie, toutes les opinions religieuses et philosophiques sont admises. Des personnes qui n’appartiennent à aucune religion ou à aucun groupement idéologique peuvent en faire partie.
Il est néanmoins exigé que le Franc-Maçon soit toujours tolérant envers les opinions des autres. D’ailleurs ceux qui possèdent la réponse aux questions fondamentales ne trouveront rien dans une association dont la recherche est le caractère principal.
Ceux qui préconisent des idées intégristes en quelque domaine que ce soit n’y ont pas leur place. Celui qui veut persuader les autres du bien-fondé de sa vision des choses agit en opposition avec la méthode maçonnique de travail. Le prosélytisme n’est pas maçonnique.
A l’opposé des tendances intégristes, nous trouvons des tendances humanistes. Les humanistes et les Francs-Maçons ont en commun des principes fondamentaux tels que:
- le respect des « Droits de l’Homme », y compris l’égalité entre tous les hommes et en particulier entre la Femme et l’Homme;
- le respect de la liberté d’expression;
- la séparation de l’Église et de l’État.
La Franc-Maçonnerie préconise aussi la rencontre entre les différentes convictions religieuses et philosophiques dans la vie quotidienne.
Quelle est la relation avec l’église catholique ?
Lors de la création de la Franc-Maçonnerie, des catholiques étaient présents dans nos Loges. Quelques décennies plus tard, déjà en 1738, le pape a excommunié les catholiques qui étaient Francs-Maçons. La première condamnation concernait l’interdiction faite aux catholiques de devenir membres d’organisations dont étaient également membres des non-catholiques. Cette mesure sera répétée dans d’autres bulles papales. Le pape était alors non seulement l’autorité religieuse mais aussi le chef des états pontificaux qui ne se limitaient pas à ce moment-là, comme aujourd’hui à la cité du Vatican.
Il semble que ce soit surtout pour des motifs politiques que l’excommunication fut prononcée: l’Église soupçonnait les francs-maçons d’être également à l’origine de l’unification de l’Italie, qui a entraîné la perte des États pontificaux.
On en retrouve des traces dans le Droit Canon de 1917 qui excommunie à nouveau les Francs-Maçons ou ceux qui collaborent avec la Franc-Maçonnerie et aussi tous ceux qui sont membres de sociétés qui conspirent contre l’église. En 1983, le texte du Droit Canon change en ce sens que la Franc-Maçonnerie n’y est plus nommément citée, mais il subsiste la référence à des sociétés qui agissent au détriment de l’église. Bien entendu la Franc-Maçonnerie n’agit en rien contre l’église, mais les Francs-Maçons restent sensibles aux tendances intégristes et à la possibilité d’associer l’Église à l’État.
En raison des aspects politiques de la bulle papale, elle fut peu appliquée dans de nombreux pays. Ainsi vers les années 1800 la Franc-Maçonnerie en Belgique comptait beaucoup de catholiques, des membres du clergé et même un Évêque. En 1837 une lettre des Évêques belges obligeait les catholiques à quitter la Franc-Maçonnerie. A ce moment les tendances cléricales qui s’efforçaient d’empêcher la séparation de l’Église et de l’État dominent l’église catholique. Il était évident que ceux qui ne pouvaient accepter ce cléricalisme restèrent membres de la Franc-Maçonnerie. A ce moment la jeune Belgique n’a pas encore de partis politiques, donc de facto, la Franc-Maçonnerie rassemblera tous ceux qui ne peuvent accepter une politique cléricale. La Franc-Maçonnerie devient ainsi le noyau du futur parti libéral. Il existe une situation équivalente dans les autres pays catholiques en Europe. Ce n’est que dans la deuxième moitié du 19ème siècle que le parti libéral voit le jour, suivi de peu par le parti socialiste. Les libres penseurs créent au 20ième siècle leurs propres organisations laïques (voir le chapitre sur la relation avec la Laïcité). C’est à ce moment que la Franc-Maçonnerie belge peut à nouveau recouvrer sa mission propre : c’est-à-dire la recherche de l’Homme. Depuis, l’action sociale se déroule à travers des organisations appropriées. Dans cet élan, la Grande Loge de Belgique est créée en 1959 afin de mettre encore plus l’accent sur la recherche et sur la méthode symbolique.
Un catholique peut-il être Franc-Maçon?
En 1983, La Sacrée Congrégation pour la Doctrine de la Foi sous la direction du Cardinal Ratzinger, le futur pape Benoît XVI, précise que le fait de ne plus citer nommément la Franc-Maçonnerie, dans le Droit canon ne signifie pas que le jugement négatif de l’église ait en quoi que ce soit été changé: la doctrine de l’église catholique reste inconciliable avec la Franc-Maçonnerie. Il n’empêche que dans de nombreux pays, les autorités ecclésiastiques locales ont adopté une attitude beaucoup plus tolérante vis-à-vis de la Franc-Maçonnerie.
(voir le site du Vatican à ce sujet)
C’est donc au catholique qui veut devenir Franc-Maçon qu’appartient la décision de juger si les principes de la Franc-Maçonnerie sont en contradiction ou non avec ses convictions religieuses et de voir dans quelle mesure il peut encore se considérer comme catholique. Pour la Franc-Maçonnerie, il suffit que le candidat, en son âme et conscience et en toute liberté, s’engage à chercher à se perfectionner tout en rejetant les positions intégristes.
Quelle est la relation avec la laïcité
et la libre pensée?
Laïcité et Franc-Maçonnerie ont des points de rapprochement et de divergences.
Les points concordants sont:
- le respect de l’homme tant dans son intégrité physique que mentale;
- la reconnaissance de l’homme comme un être chargé de valeurs morales ce qui lui permet d’être à la fois créateur et de donner un sens à sa vie;
- la nécessité d’affirmer les responsabilités sociales comme un pendant aux libertés individuelles;
- le libre examen comme technique de recherche de la “vérité” dans le but de trouver une réponse aux questions que se posent les hommes et qui concernent le sens de la vie, la société, la nature, l’environnement et le cosmos;
- la séparation de l’Église et de l’État
Mais la Franc-Maçonnerie ne prend pas de position collective et laisse à chaque membre la liberté de s’exprimer individuellement.
Il est donc important de ne pas confondre laïcité et Franc-Maçonnerie.
La confusion est d’autant plus facile qu’en français le mot laïcité possède deux sens:
1. la « laïcité d’état » avec la séparation de l’Église et de l’État.
2. la communauté de la libre-pensée basée sur une conception philosophique non confessionnelle. La franc-maçonnerie compte des membres croyants et non croyants.
Voir aussi le Centre d’Action Laïque.
Pourquoi la Franc-Maçonnerie est-elle une société discrète?
Le principe fondamental est que le Franc-Maçon peut dévoiler, s’il le souhaite, son appartenance à l’ordre maçonnique, mais ne peut jamais révéler l’appartenance d’un autre Frère ou d’une autre Sœur.
Pourquoi est-ce ainsi ? Ci-dessous, vous trouverez quelques aspects importants en réponse à cette question..
Raisons Fondamentales
| Vie privée | La Franc-Maçonnerie consiste en un travail sur soi-même. On entre ainsi en contact avec sa propre lumière et aussi avec ses propres obscurités. Pour le Franc-Maçon c’est à la fois chercher et douter. Mais chercher et douter nous rendent vulnérables et ce n’est pas souhaitable dans le monde profane où nous devons montrer que nous sommes forts et déterminés. C’est pourquoi nous pratiquons le travail maçonnique en petits groupes privés et entourés par l’amour fraternel. |
| Arcanes | Les arcanes sont des éléments de la plus haute importance dans nos rituels et se communiquent uniquement lors de l’initiation afin de préserver son impact. C’est la raison pour laquelle nous ne publions pas les arcanes. |
| Le Secret | Le « secret » en maçonnerie consiste uniquement dans l’impossibilité qui existe de transmettre à d’autres ce que nous ressentons en tant qu’initié. Il en est de même du travail maçonnique que nous effectuons et des sentiments que nous éprouvons tels que l’amour fraternel. C’est un peu la situation de celui qui n’a jamais mangé un fruit dont on lui décrit le goût. La description n’arrivera jamais à lui donner la connaissance de ce goût. L’expérience maçonnique n’est pas la seule à ne pas être transmissible. Mille autres situations où nos émotions interviennent comme un voyage, faire l’amour … sont incommunicables |
| Caractère fermé | Comme dans toute société, il existe une organisation interne qui nous est propre. |
| Humilité | Il s’agit d’une attitude personnelle. Être Franc-Maçon n’est pas un label de qualité. |
Raisons propres à notre contexte historique
| Prudence | Toujours dans l’histoire, les Libres-penseurs ont été pourchassés par les régimes totalitaires, qu’ils soient de gauche (Staline) ou de droite (Hitler, Franco, Salazar…). Durant la deuxième guerre mondiale, les nazis ont interdit la Franc-Maçonnerie en Belgique. Beaucoup de Francs-Maçons ont subi le même sort que les Juifs et les Tziganes. Des Francs-Maçons âgés ont encore en mémoire ces temps pénibles qu’ils ont vécus. Dans les pays qui ont connu ces régimes il est compréhensible que les Francs-Maçons se dévoilent moins. |
| La culture belge | La culture belge est plutôt discrète : “pour vivre heureux, vivons cachés”. Il n’est pas dans nos habitudes de dévoiler nos intentions de vote, nos revenus, ni nos convictions philosophiques… Ceci explique en partie pourquoi le Belge est plus discret sur sa qualité de Franc-Maçon. |
Malentendus
| Le secret des métiers | Jusqu’au 17ème siècle les secrets des métiers étaient jalousement gardés; les détenteurs devaient prêter le serment d’observer le silence. De lourdes peines attendaient ceux qui trahissaient leur serment. La Franc-Maçonnerie ne connaît pas de secret du métier. |
| Les mystères de l’histoire | Dans une certaine littérature on trouve toujours des faits mystérieux qui sont présentés comme étant “l’histoire véridique”. De nombreuses accusations dirigées contre la Franc-Maçonnerie reposent sur cette littérature parallèle, bien entendu il n’y a rien de vrai dans ces allégations |
| Énigme cachée | Beaucoup pensent que la symbolique maçonnique repose sur une énigme à décoder et à traduire en un langage compréhensible. Ainsi que nous l’avons déjà dit, le secret repose sur une compréhension et une expérience personnelle. Il y a, en franc-Maçonnerie, autant d’interprétations possibles qu’il y a de Francs-Maçons. De plus, ces interprétations évoluent en même temps que le travail maçonnique sur soi-même progresse. Bien souvent sous les régimes despotiques on est amené à voiler des faits précis sous la forme d’allégories et de métaphores. Pensons aux fables de La Fontaine , où les différents animaux sont en effet inspirés des dirigeants existants. La Franc-Maçonnerie ne joue pas à ce jeu. |
| Affairisme | Une idée qui a la vie dure est celle qui accuse la Franc-Maçonnerie d’affairisme et de complots. En de rares occasions, il y a eu des incidents où des personnes malveillantes ont infiltré la franc-maçonnerie, comme le tristement célèbre P2 en Italie. Un système disciplinaire interne est chargé d’exclure les membres indignes. De toute façon ceux qui cherchent un monde d’influence dans la Franc-Maçonnerie font fausse route. |
En résumé, la discrétion du Franc-Maçon dépend de sa conception de vie privée.
La société et les leçons de l’histoire rendent le Franc-Maçon extrêmement prudent à se dévoiler.
Ce site devrait balayer les a priori et les malentendus et créer un climat plus ouvert.
Quelle est la relation avec la politique?
En Franc-Maçonnerie on se pose des questions et on cherche une réponse. Chacun y trouve une réponse personnelle mais aussi temporaire. Il y a des hommes politiques qui sont francs-maçons, mais c’est aussi quelque chose de personnel pour eux.
Les rapports de la Franc-Maçonnerie avec la politique sont surtout historiques. Il faut se rappeler qu’au 19ème siècle la Franc-Maçonnerie était devenue l’antipode des catholiques.
Comme le suffrage universel n’existait pas encore, la politique se trouvait aux mains d’un petit groupe élitiste.
Après la création de partis politiques et la naissance de la laïcité organisée, la Franc-Maçonnerie a pu se libérer de son rôle politique et se consacrer uniquement à sa mission initiale : une méthode de travail et un lieu où ses membres de convictions différentes peuvent travailler ensemble à améliorer la condition humaine.
Malgré cela, l’étiquette politique subsiste…
Quelle est la relation avec la philanthropie ?
De par son caractère social le Franc-Maçon fait souvent de la philanthropie, mais la Franc-Maçonnerie n’est pas une société philanthropique.
Elle ne peut être confondue avec les Service Clubs bien que l’on y trouve également des Francs-Maçons comme dans d’autres sociétés à but social. D’ailleurs c’étaient des Francs-Maçons qui ont fondé en 1905 le Rotary aux États-Unis. Ceci confirme ce que nous avons déjà dit : ce sont des Francs-Maçons qui individuellement entreprennent des actions sociales, et non la Franc-Maçonnerie en tant que société